Florent Dusanter : réemploi et technologie, deux sujets indissociables. 

Dans cette interview, Florent Dusanter, co-fondateur de BOCOLOCO, nous partage son expérience, son expertise, et sa vision du réemploi, indissociable de la technologie.

Pour commencer, présente-toi !

Mon nom est Florent Dusanter, j’ai 35 ans, et je suis co-fondateur et Directeur Général et Technique de BOCOLOCO.
Je suis responsable du développement de nos solutions technologiques, et je coordonne l’ensemble de nos opérations.

Diplômé de Centrale Nantes, j’ai une expertise technique solide.
Avant de créer BOCOLOCO avec mon frère Alexis Dusanter, j’ai été Chef de projet technique pendant 5 ans chez WITHINGS, spécialisée dans les objets connectés ; puis Directeur Technique pendant 3 ans chez MEISO, centrée autour du bien-être créé par l’expérience insolite de la flottaison, dans laquelle je suis encore Associé.

Que t'ont apporté tes différentes expériences ?

Vaste question, et pas si évident d'y répondre de manière concise...

WITHINGS est ma première expérience professionnelle. J’ai pu vivre la croissance exponentielle d’une entreprise et profiter, grâce à la confiance des dirigeants, d’une grande liberté dans mon travail.
J’ai pu opérer sur toutes les étapes de développement de divers objets connectés, ce qui m’a permis de monter en expertise sur différentes technologies, tout en m’imprégnant du cycle de vie des produits, aussi bien sur la partie interne qu’internationale. Bref, j’ai rapidement eu une vue de A à Z de la conception d’un produit, avec toutes les difficultés que cela peut comporter.
J’en suis ressorti avec une ingéniosité à toute épreuve : trouver rapidement des solutions performantes et continuer à avancer dans le développement du produit.

C’est avec MEISO que j’ai construit ma fibre entrepreneuriale : se former quotidiennement, être capable de changer de casquette métier instantanément, avoir à la fois une vision à court terme et une stratégie long terme… J’ai appris l’agilité, la résilience, et la priorisation.

Mon mantra suite à ces expériences ? Je l’ai hérité d’un de mes managers passés :
“Problème non résolu… problème non résolu.”
En clair : ne jamais mettre un problème sous le tapis, il reviendra toujours, et surtout au plus mauvais moment.
C’est un phrase qui a l’air simpliste en apparence, mais son application demande rigueur, vision et pro-action.
Ce concept s’applique aussi bien au développement technologique qu’au défi environnemental : si on ne trouve pas de solution pour résoudre ce problème de société, il ne se résoudra jamais.

Et le réemploi est une de ces solutions !

Pour toi, quel est le rôle de la tech dans le développement du réemploi ?

Le réemploi consiste très simplement à donner plusieurs vies à un même contenant en le réemployant. 

Alors oui, on peut se dire qu’il y a 50 ans, le système existait déjà et fonctionnait très bien.
C’est en partie vrai : le réemploi ne concernait qu’une partie des produits et fonctionnait à petite échelle, dans des boucles ultra-locales.

L’ambition de BOCOLOCO est de faire de ce mode de consommation une solution à grande échelle sur l’ensemble du territoire français.
Plusieurs milliards de contenants seront réemployables, et engendreront des flux tout aussi importants.

C’est à ce stade que la tech devient indispensable : rendre scalable le modèle du réemploi.
Elle répond à plusieurs objectifs, grâce à la donnée générée par la traçabilité :

• Quantifier : les données primaires permettent de déterminer l’état du parc de contenants (taux de retour, taux de réemploi, nombre de contenants lavés…)
• Fluidifier : un bon pilotage des flux physiques (transport d’un contenant d’un point A à un point B) et d’informations (s’assurer que chaque acteur a les bonnes informations au bon moment) permet d’optimiser le fonctionnement de la boucle de réemploi, avec efficience et précision.
• Simplifier : le parcours client a besoin d’être intuitif, pour remporter une adhésion consommateur durable. La tech permet de proposer des expériences adaptées à chaque mode de consommation, pour que l’expérience de consigne soit aussi (voir plus) simple que notre consommation linéaire actuelle, basée sur le conventionnel “j’achète, je consomme, je jette”.
  La tech vient aussi simplifier le travail des metteurs en marché et des distributeurs, pour leur permettre d’intégrer le réemploi à leur activité.
• Sécuriser : la traçabilité permet d’assurer, à l’ensemble des acteurs du réemploi, que les opérations ont bien été réalisées (retour, lavage, transport…).
• Améliorer : la donnée permet de mesurer l’efficacité actuelle du modèle, et d’en identifier les failles pour pouvoir les résoudre. Dans notre monde qui prône l’efficience dans tous les domaines, le réemploi ne sera pas rentable (aux niveaux économique et environnemental) s’il n’est pas optimisé. “Si tu ne le mesures pas, tu ne peux pas l’améliorer”.
• Anticiper : la technologie, enrichie par les données collectées, peut prévoir les besoins de chaque acteur de la boucle, et donc fluidifier la circulation des contenants en évitant les ruptures. Avec l’expérience, ce véritable algorithme prédictif gagnera en précision et en efficacité.

A quels besoins répondent les solutions Bocoloco ?

Les solutions BOCOLOCO répondent à l’ensemble des besoins cités ci-dessus : quantifier, fluidifier, simplifier, sécuriser, améliorer et anticiper.

Je compléterai en disant que nos solutions sont multiples et surtout adaptées à chaque acteur. Nous avons démarré notre activité aux prémices de la consigne pour réemploi ; nous avions donc commencé par développer des solutions dont nous avions besoin, car rien n’existait sur le marché à l'époque.
Cette position de pionnier nous a fait développer une véritable expertise des besoins et contraintes de l'ensemble des acteurs de l’écosystème du réemploi, pour ainsi développer des solutions qui y répondent de manière optimale.

Pourquoi avoir décidé d'avoir une équipe de développement en interne ?

Comme expliqué précédemment, le développement était au départ un besoin inhérent à la croissance de BOCOLOCO : c’était une évidence. Nous avions besoin d’outils pour nous permettre de fonctionner de manière optimale, mais aussi pour simplifier l’expérience consommateur.

C’est une philosophie que j’ai découvert chez WITHINGS : internaliser au maximum les savoir-faire pour s’assurer de la maîtrise du cycle de vie du produit dans son entièreté.
C’est de cette manière qu’on innove, qu’on connaît les limites de nos solutions et surtout, comment les dépasser.

Aujourd’hui je suis très fier d’avoir une équipe à mes côtés qui partage cette volonté de créer, de trouver des solutions, de découvrir de nouvelles technologies qui peuvent nous aider à aller encore plus loin.