Cécile Guillou nous partage sa vision du réemploi.
CEO de Picard Surgelés et Ex-CEO de @Franprix, Cécile Guillou est membre du Conseil d'Administration de Bocoloco.
Avec son expertise des grands groupes de distribution, Cécile nous accompagne dans nos réflexions stratégiques, nous expose les besoins et contraintes des distributeurs, et nous partage son retour d’expérience du réemploi suite à l'expérimentation menée chez Franprix.
Avec ses réponses objectives et rationnelles, Cécile nous expose sa vision du réemploi avec son regard extérieur et son expérience de distributeur.
Quel regard portes-tu sur le principe de la “consigne pour réemploi” ?
La réutilisation des emballages est une piste de travail indispensable parmi tous les efforts pour consommer mieux.
Le principe de la consigne a bien fonctionné par le passé à grande échelle en France, notamment sur les bouteilles (vin, bière), et continue d'ailleurs de fonctionner dans certains de nos pays voisins.
Il s'agit maintenant de trouver le meilleur modèle pour ré-enclencher la démarche, dans un contexte qui a considérablement évolué, tant côté industrie agro-alimentaire que distribution et habitudes de consommation des français.
Quel enjeu principal as-tu identifié, notamment grâce aux expérimentations que tu avais mené à l'époque au sein des magasins Franprix, pour garantir le succès de la consigne ?
Avec Franprix nous avons été parmi les enseignes pionnières en France à tester la consigne dans quelques magasins pilotes, dès 2019.
Au-delà de trouver le bon modèle opérationnel qui fonctionne pour tous, l’enjeu est de trouver un modèle viable économiquement pour toutes les parties prenantes : le client, le magasin, l'industriel, le logisticien et le laveur.
On ne peut par exemple pas demander à un magasin franchisé qu’il alloue de la place en magasin pour un dispositif de récupération des contenants, donc se prive de cette place pour vendre, et qu’il finance en plus lui-même tout le dispositif collecte et retour.
Comment vois-tu le modèle se mettre en place en France ?
Nous sommes aujourd’hui à un moment de bascule, entre les phases d’expérimentation à petite échelle qui a ont eu lieu ces dernières années chez de nombreux commerçants (un magasin pilote, quelques marques nationales, une ville…), et la phase de déploiement national où la consigne se généralise et devient un vrai réflexe pour le consommateur.
Cette transition vers un modèle « généralisé » passera à mon sens par un maillage fin des infrastructures de collecte / tri / lavage sur l’ensemble du territoire, pour faciliter au maximum le retour des contenants pour le consommateur, et donc l'adoption de la démarche.
Cela nécessitera des investissements collectifs et conséquents qui doivent être soutenus par les pouvoirs publics, comme c’est le cas déjà via les éco-organismes.
Il faudra aussi des campagnes de sensibilisation fortes auprès du grand public, pour éduquer le consommateur sur l’intérêt de rapporter ses contenants en magasin, et que cela se réinscrive progressivement dans la routine du quotidien de tous les français.
Ça supposera enfin, et c’est un point essentiel, une bonne gestion de ce nouveau dispositif national. Il est indispensable que le modèle soit bien optimisé et opéré au quotidien pour que ce passage à l’échelle ait véritablement du sens d’un point de vue environnemental, dans des coûts raisonnables.
Comment perçois-tu le rôle de la technologie dans le déploiement à grande échelle du modèle ?
Pour que le « dispositif national de réemploi » soit effectivement bien géré, il me semble essentiel d’avoir des outils adaptés, et notamment dans 2 domaines :
- pour la traçabilité des contenants, commune et nécessaire à toutes les parties prenantes : c’est notamment ce qui m’a séduit dans le projet de Bocoloco, avec leur technologie de traçabilité du parc de contenants en circulation, et leur utilisation pertinente de la Data pour bien piloter les opérations.
- pour faciliter le retour et le remboursement du contenant pour le consommateur, de la façon la plus simple et autonome possible : en caisse, via des automates adaptés, ou autre moyen. La praticité de l’acte de retour est clef pour remporter l’adhésion du consommateur.
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