L'emballage consigné plus écologique que l’usage unique ?
Les engagements environnementaux pris à travers la promulgation de la loi AGEC en 2020 remettent la question des emballages au centre du débat écologique. L’emballage consigné tombé en désuétude depuis les années 1990 fait son retour en tant qu’alternative écologique aux emballages à usage unique. Qu’en est-il vraiment de l’impact environnemental de cette solution ? Quid des emballages recyclés comme le rPET ? Dans cet article, découvrez notre analyse comparative entre contenant consigné, jetable et recyclé.
Qu’est-ce qu’un emballage consigné ?
Un emballage consigné est un emballage pour lequel le consommateur paye une somme d’argent : la consigne.
Cette dernière lui est rendue lorsqu’il retourne l’emballage afin que celui-ci soit réemployé.
L’article L541-1-1 du Code de l’environnement indique que le réemploi concerne les matières et produits n’étant pas des déchets, qui sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.
Largement répandue en France jusque dans les années 1990 à travers les bouteilles consignées, la consigne a peu à peu cédé sa place à l’emballage à usage unique. Si le système de consigne perdure dans l’hôtellerie ou la restauration, c’est une habitude de consommation presque disparue de la majorité des foyers français. Pourtant, depuis quelques années, on voit cet emballage faire son grand retour grâce à des acteurs engagés pour le réemploi. À l’image de nos pays voisins comme l’Allemagne, l’Autriche ou les pays nordiques, la réglementation française tend à redévelopper l’utilisation de la consigne.
Impact écologique d’un emballage consigné : zoom sur le verre.
Au regard du désastre écologique engendré par le plastique à usage unique, les législations orientent les industriels vers des alternatives plus écologiques : verre, consigne, recyclage… Entre matières premières, énergie et transport, qu’en est-il vraiment de l’impact écologique de la consigne pour réemploi ? Zoom sur le verre consigné.
La fabrication : l’étape qui alourdit un bilan carbone
Aujourd’hui les bouteilles en verre sont majoritairement fabriquées à partir de :
- Calcin interne (rebus de production) ou externe (verre recyclé collecté).
- Matières premières brutes extraites de carrières : sable, carbonate de soude, calcaire et phonolite.
Bien que le calcin soit issu de verre recyclé, il faut atteindre des températures avoisinant les 1600°C pour refondre les matériaux, sans compter les étapes de recuisson et les traitements de surface du verre.
Une étude de sensibilité menée dans la brasserie Alsacienne METEOR nous montre qu’un emballage consigné comme les bouteilles de bière réduit de :
- 76% la consommation en énergie primaire sur tout le cycle de vie par rapport à une bouteille à usage unique
- 79% l’émission de gaz à effet de serre en CO2 équivalent par rapport à une bouteille classique.
- 33% la consommation d’eau par rapport au recyclage.
L’emballage consigné en circuit court
Les distances parcourues sont un paramètre influant directement sur les bénéfices écologiques d’un emballage consigné. Pour le verre consigné, la question du transport concerne le circuit total de réemploi du verre :
- Collecte du verre auprès du consommateur.
- Acheminement en centre de lavage/conditionnement.
- Retour en point de vente.
Une étude de l’ADEME menée en 2018 sur 10 dispositifs de réemploi, étudie l’impact des distances de transport entre site de conditionnement, site de distribution et site de lavage. L’étude rapporte que plus la distance entre ces différents sites diminue, plus l’emballage consigné est intéressant pour l’environnement. De manière générale, il a été observé qu’en deçà d’un périmètre de 250 km, un emballage consigné a un meilleur impact environnemental qu’un emballage à usage unique. En revanche, pour des distances plus importantes comme 1000 km, l’impact environnemental de la consigne s’inverse.
Le lavage optimisé de la consigne
La même étude met en relief la quantité d’eau consommée par un emballage consigné en raison des cycles de lavage. L’analyse a montré qu’une optimisation de la consommation d’eau peut permettre de diminuer jusqu’à 37% la déplétion des ressources en eau sur l’ensemble du cycle de vie d’un emballage consigné. Ainsi, dans la configuration d’un cycle de lavage optimisé, le système de consigne serait plus performant qu’un système équivalent sans réemploi.
Finalement, le réemploi du verre chez METEOR indique une baisse de plus de 40% des émissions de CO2 équivalent et des valeurs chiffrées plus avantageuses pour tous les indicateurs environnementaux étudiés à partir de 2 utilisations de l’emballage consigné.
Le recyclage comme solution écologique à l’usage unique ?
Le recyclage et la création de nouveaux emballages à partir de ce processus sont plus ancrés dans les habitudes et les mentalités que la consigne.
Historiquement, le verre est le matériau le plus recyclé par les ménages avec un taux de recyclage de 88%.
Pour autant, d’autres matériaux comme le plastique recyclé se font une place sur le marché en tant que solution écologique.
Taux de recyclage en France
En 2021 le taux de recyclage global en France était de 72%. Le plastique n’est recyclé qu’à 30% dont 59% proviennent des bouteilles et des flacons alors que les emballages en plastique à usage unique représentent plus de 20% de nos poubelles.
Si les actions de tri se développent, il n’en reste pas moins que le recyclage du plastique n’est pas encore pleinement développé.
Verre consigné VS plastique recyclé
De tous les plastiques, le PET est celui qui se recycle le mieux et qui donne le rPET. Constituant les bouteilles et flacons en plastique, il est collecté, lavé et broyé pour former des granulés qui constitueront de nouveaux produits. En revanche, contrairement au verre, aucun plastique n’est recyclable à l’infini. Le plastique se dégrade à chaque cycle de recyclage. À titre d’exemple, 4 bouteilles en plastique n’en donnent que 3 après recyclage.
De plus, que ce soit pour le verre recyclé ou le PET recyclé, le processus de recyclage est très énergivore. En plus de séparer les matériaux, il faut les laver, les broyer et les refondre. Des matières premières neuves sont parfois nécessaires pour reformer un objet identique à celui jeté.
Bien que les filières de recyclage du plastique se multiplient pour s’adapter à tous les emballages à usage unique, un emballage consigné et réemployé évite la gestion de tout déchet.
Fin de l’usage unique et emballage consigné, que dit la loi ?
La loi AGEC et la loi Climat et Résilience promulguées en 2020 et 2021 visent à transformer nos modes de vie et de consommation pour un modèle plus durable. L’un des objectifs principaux de la loi AGEC étant l’arrêt total du plastique à usage unique d’ici 2040, la consigne pour réemploi a toute sa place comme solution. D’ici 2023, 5% des emballages mis sur le marché français devront être réemployés. D’ici 2027, cette proportion passe à 10% d’emballages réemployés.
La loi Climat et Résilience prévoit qu’à partir de janvier 2030 les commerces de plus de 400 m² comme les grandes et moyennes surfaces devront présenter une offre sans emballage primaire équivalente à minimum 20% de leur surface. La consigne pour réemploi devient alors un enjeu majeur.
Grâce au développement de l’emballage consigné, Bocoloco aide les industriels et les marques à obtenir ces 20% d’alternative à l’usage unique. Notre mission est d’accompagner les metteurs en marché dans leur transition vers le réemploi en facilitant la mise en place de la consigne pour tous les acteurs du marché.